lundi 17 décembre 2012

Cranach, peindre la grâce-Anne MALHERBE


Lucas Cranach, peintre allemand de la fin XVème et début XVIème fut un des grands artistes de cette période. Ami de Luther, il fut peintre de la Réforme mais aussi, paradoxalement de l'Eglise catholique. La raison: il fallait gagner sa vie et donc contenter tout le monde. Parallèlement, Cranach a créé son atelier et fait des oeuvre gravées, peint des portraits, des scènes bibliques. Il a développé un style très personnel et reconnaissable: ses femmes nues et sensuelles, leurs coiffures, ses transparences
Ce fut un vrai maître de la Renaissance allemande, dont l'atelier a perduré grâce à son fils, Lucas Cranach le Jeune; ses peintures et gravures sont maintenant exposées dans les plus grands musées du monde.

Cette collection A propos est très intéressante: un format agréable, du papier glacé, des aspects biographiques de l'artiste mais aussi des éléments historiques et des analyses d'oeuvres.
Ce petit livre m'a donc permis de connaître Cranach pour de bon et si je le souhaite, je pourrai approfondir mes nouvelles connaissances grâce à la petite bibliographie en fin d'ouvrage.

Merci donc à Babelio-Masse Critique et aux éditions A propos pour cette lecture rapide mais pas légère.

lundi 10 décembre 2012

Entre ciel et terre-Jon Kalman STEFANSSON


En Islande, au XIXème siècle, la vie est rude. Pour vivre, la plupart des hommes vit de la pêche. Et pour cela, ils doivent affronter la mer glacée et déchaînée sur une coque de noix. Forcément, les morts ne sont pas rares et c'est ce qui arrive à Bardur, qui va mourir de froid sur le bateau. En effet, il a oublié sa vareuse, passionné par un livre de poèmes de Milton.
Son ami va bien évidemment en souffrir et décider d'abandonner la pêche, domaine qu'il déteste et qui lui a pris son unique ami.
Il se donne alors pour mission de retourner au village de Bardur, emportant le livre "assassin" pour le rendre à son propriétaire et changer de vie, oublier.


J'ai eu bien du mal à entrer dans l'histoire: un démarrage lent plus un thème, un lieu et une époque qui ne me tentent pas. Bref, ça démarrait mal. Et puis, l'introduction d'un nouveau thème (la lecture), l'arrivée au village m'ont permis d'aller jusqu'au bout de ce roman qui, finalement, sans me transcender, m'a plu, par sa poésie et sa sensibilité.

lundi 12 novembre 2012

La chatte-COLETTE


Voici un court roman qui parle de la jalousie. L'originalité, c'est que l'épouse n'est pas jalouse d'une autre femme mais de la chatte de son nouvel époux.
C'est donc l'histoire d'un jeune couple qui se marie et ne se supporte pas. Lui n'est pas amoureux, elle trop possessive. Les deux sont particulièrement oisifs et capricieux, ce qui n'arrange pas les choses: chacun s'ennuie et a le temps de s'épier. Pour couronner le tout, le jeune marié possède une chatte, dont il est complètement gâteux et dont la jeune femme est très jalouse, au point de la passer par la fenêtre (sans la tuer, Colette était une amoureuse des chats). 

La trame est plutôt intéressante, mais les personnages assez inconsistants et l'ensemble pas assez fouillé: ça va trop vite, on n'a pas le temps d'entrer dans la vie du couple que ça y est, le roman est terminé. Et c'est bien dommage car la psychologie des protagonistes est trop superficielle.

J'ai également eu la sensation que ce roman a mal vieilli et qu'il s'est démodé.

lundi 1 octobre 2012

Suite française-Irène NEMIROVSKY


Ce sont deux romans, Tempête en juin et Dolce dont le dernier a été inachevé puisque Irène Nemirovsky a été déportée en juillet 1942.

Tempête en juin se passe en juin 1940, au moment de l'Armistice; on suit des Parisiens qui fuient la capitale pour aller se réfugier quelque part à la campagne. Les routes sont bondées de gens comme eux, à pieds, en voiture. Peu de solidarité entre eux, même dans les moments difficiles, on pense à soi premier lieu.
Ainsi les Péricand, grands bourgeois qui vont jusqu'à Nîmes chez la grand-mère, mais aussi le célibataire maniaque, l'écrivain à succès qui fuit avec sa maîtresse et se fait voler son pique-nique durement acquis, le vieux couple tranquille qui aimerait avoir des nouvelles de son fils soldat.
La plupart de protagonistes rentrera bien vite à Paris après des jours bien éprouvants.

Dolce nous fait retrouver certains des personnages précédents ainsi que des nouveaux, essentiellement des paysans. Y est dépeinte la vie quotidienne à la campagne pendant la guerre ainsi que celle de certains réfugiés.

J'ai aimé le style de Nemirovsky, sans concessions, ironique et le côté document historique de l'ensemble, d'autant que le livre est complété des notes de l'auteur concernant son projet puis des échanges épistolaires entre elle, son mari, son éditeur et quelques amis au moment de son arrestation.
En effet, elle avait l'intention d'écrire 5 romans, soit plus de 1000 pages, moins de la moitié a été écrit.
Quant aux lettres échangées, et malgré les interventions auprès des plus hautes instances, Irène Nemirovsky ne reviendra pas.

lundi 17 septembre 2012

Surfer la nuit-Fiona CAPP






Nous sommes en Australie, du côté de Melbourne, le long de la Great Ocean Road.
Hannah veut apprendre à surfer; c'est Jack, son petit ami de quelques semaines qui va l'y initier. Son rêve à lui, c'est de surfer la nuit. En attendant de maîtriser les éléments, Hannah travaille dans un restaurant tenu par Marie et Ruben, un couple sur le déclin. Le dernier protagoniste est Marcus, le père de Jack et qui collectionne les coquillages et divers objets rejetés par la mer.
Aucune de ces personnages n'est heureux, aucun ne communique avec l'autre; bref, aucun ne s'en sort véritablement et tous en souffrent.
L'atmosphère qui ressort de ce roman est donc plutôt triste mais la plume de Fiona Capp est pleine de délicatesse et d'affection pour ces égarés de la vie.

A vrai dire, je ne suis pas fan de surf (je sais à peine nager!) mais passionnée par l'Australie, voilà pourquoi j'avais acheté ce livre. J'ai apprécié cette lecture, à la sensibilité à fleur de peau, malgré une fin que j'aurais aimée plus explicite. Je l'ai d'ailleurs acheté en VO lors de me dernières vacances (en Australie) et j'ai bien envie de relire cet auteur.


lundi 20 août 2012

Ida Rubinstein, le roman d'une vie d'artiste-Donald F. FRIEDMAN


Ida Rubinstein, le roman d'une vie d'artiste est la biographie d'une femme née dans l'aristocratie russe à la fin du XIXème siècle et qui a choisi de vivre comme elle l'entendait, en tant que danseuse et qui  a fini ses jours dans un monastère. Ida Rubinstein était une femme moderne, libre et qui a sans doute participé à l'amélioration de la condition de la femme. Certes, son choix de vie était totalement hors norme pour l'époque ainsi que sa grande fortune lui ont permis de s'affranchir des obligations de son rang et de son époque. N'empêche qu'elle a refusé d'entrer dans le moule comme l'a fait sa soeur avec qui elle s'est rapidement brouillée. Son physique exceptionnel (grande et mince) l'a également aidée, ainsi que sa vive intelligence.
Ce personnage, dont je n'avais pas entendu parler auparavant, m'inspirait et j'avais vraiment envie de connaître et comprendre cette femme, en plus de l'admirer. Malheureusement, cette biographie, sans doute bien romancée, ne me l'a pas complètement permis.
En effet, le style est extrêmement lourd, poétique pour certains, pas pour moi. Les figures de style sont innombrables, les "délires" métaphoriques également. Cela ne me convient pas, d'autant plus quand je lis une biographie qui, selon moi, doit s'avérer précise et sans fioritures. L'auteur passe sur certains aspects alors que j'aurais aimé qu'il insiste dessus alors qu'il fut particulièrement exhaustif sur d'autres points. Par exemple, il passe rapidement sur la rencontre d'Ida avec les Ballets russes et Ravel, encore plus sur le fait qu'elle pilote elle-même son propre avion (je vous rappelle tout de même que nous sommes au sortir de la 1ère guerre mondiale et qu'une femme pilote était plus qu'exceptionnel: j'aurais aimé lire plus de deux lignes là-dessus!); en revanche, Friedmann a pris soin de décrire dans le moindre détail le déroulement des principaux spectacles d'Ida (ses tenus, ses mouvements...) de façon assez mélodramatique. J'avoue, je n'ai que survolé ces passages qui, à mon sens, n'apportent rien au lecteur.

Bref, une déception car ce n'est pas une biographie telle que je me l'imaginais mais aussi une ouverture vers d'autres perspectives car j'ai découvert cette femme hors-norme qu'était Ida Rubinstein et quelques recherches me permettront d'en savoir davantage sur elle, de la manière qui me plaît.

En tout cas, merci encore à Babelio-Masse Critique dont je profite allègrement, ainsi qu'à la maison d'éditions (Salvatore).

tous les livres sur Babelio.com

samedi 28 juillet 2012

Les auteurs du noir face à la différence


15 auteurs français de polar, quasi-inconnus (en tous les cas, inconnus de moi) ont écrit chacun une nouvelle traitant de la différence. Chacun n'ayant pas la même conception de la "différence", les écrits sont donc hétéroclites. On y trouve un déficient intellectuel, un albinos, un transsexuel, un chirurgien, tous hors normes et souvent laissés pour compte de la société...Certains subissent cette différence, d'autres s'en servent, rarement en bien, sinon on ne serait pas dans le polar.

Franchement, en recevant ce livre, gracieusement offert par l'éditeur (Jigal), je ne m'attendais pas à un grand cru. En effet, je ne connaissais aucun auteur et craignait une certaine forme de médiocrité. Et bien, tout au contraire, j'ai lu rapidement ce recueil de nouvelles car j'ai été dans l'ensemble conquise, à la fois par l'originalité des thèmes et le talent des écrivains. Certaines nouvelles m'ont plus séduite que d'autres, mais cela est bien normal, question de sensibilité de lectrice.

Je ne peux donc que conseiller ce livre à toute personne aimant le suspense, les sujets et héros retors et pervers mais aussi les grandes causes. D'ailleurs, et cela ne gâche rien, les bénéfices sont reversés à une association pour les enfants autistes.


lundi 25 juin 2012

Mauvaise mère-A.M HOMES




Jody, 24 ans, est assistante d'un producteur de films à NY, en attente de partir à Los Angeles à l'université pour devenir réalisatrice.
Elle a suivi une longue thérapie, peut-être parce qu'elle a été adoptée par une famille qui avait perdu un enfant quelques mois avant qu'elle n'arrive. Quelques mois avant le départ pour LA, elle éprouve le besoin de refaire une thérapie; ce sera chez Claire, la quarantaine, qui a abandonné une petite fille, sous la pression de ses parents et qui a bien du mal à "oublier", malgré une réussite sociale et professionnelle indéniable.
C'était en décembre 1966, à Washington, dans la même ville et au moment de la naissance de Jody.
Claire se met alors en tête que Jody est sa fille, tandis que celle-ci pète les plombs et se cherche désespérément.

C'est le premier roman traduit en français de AM Homes dont j'ai lu Ce livre va vous sauver la vie, sur les conseils d'une amie et que j'ai beaucoup aimé. Mauvaise Mère manque de maturité et de caractère (publié en 1997) mais on trouve quelques ingrédients développés plus tard, notamment la catastrophe qui a des conséquences sur la vie du protagoniste. Et l'ensemble se lit vraiment bien, tout roule, malgré une fin un peu abrupte et nettement moins intéressante que le reste du roman.




mardi 29 mai 2012

The Corner-David SIMONS et Ed BURNS


Ce livre n'est pas un roman mais bien un document, sur les bas-fonds de Baltimore, ville qui compte une importante proportion de laissés-pour-compte et de drogués, essentiellement des Noirs, en tout cas c'est qui ressort de cet ouvrage hyper détaillé.

Ce docu-reportage est constitué d'une part de la description de journées dans Fayette Street: dealer, chercher sa dose quotidienne, éviter la police, trouver de l'argent pour se payer sa dose...Une vie pathétique, sans intérêt et pourtant, la vie de dizaines de milliers de personnes à Baltimore.
D'autre part, on trouve un travail plus journalistique dans lequel sont exposées les causes de ces dérives, la descente aux enfers de toutes ces personnes et du quartier tout entier.

C'est très instructif, à la fois polar et journalisme, bien écrit. Certes, quelques dizaines de pages en moins n'auraient pas dérangé et les premières pages m'ont paru hésitantes puisque je ne savais pas trop où j'allais. Mais une fois entrée dans l'histoire, et après avoir fait connaissance avec les différents protagonistes, j'ai lu l'ensemble assez rapidement.

Un bon livre donc, intéressant, qui me donne envie de lire la suite, à savoir "The Corner- été-automne" et de regardé la série The Wire (Sur écoute). Quelqu'un l'a-t-il vue?

dimanche 20 mai 2012

Ce livre va vous sauver la vie-A.M.HOMES

Richard Novak, quinquagénaire de Los Angeles qui a fait fortune mène une vie tranquille, égoïste et sans grande envergure. Mais un jour, tout va changer à cause d'une douleur lancinante et d'un glissement de terrain. En quelques jours, sa vie va changer, il va rencontrer ses voisins, errer, manger des donuts et faire des plans sur la comète: créer une entreprise de donuts, sortir le cheval du trou causé par le glissement de terrain, sauver une jeune femme paumée croisée dans un supermarché...

Voici un roman atypique et original écrit par une femme qui se met dans la peau d'un homme blasé.
Le ton est à la fois décalé, drôle, mélancolique et le sujet, une critique d'un microcosme qui s'effondre, original et, mine de rien, très intelligent.

C'est un roman qu'on m'a offert et qui m'a beaucoup plu; je possède maintenant plusieurs autres romans de cette auteure, comme ça, je vais pouvoir me faire une idée plus précise de son talent.

lundi 16 avril 2012

Anatomie d'un crime-Elizabeth GEORGE


Joel est un adolescent qui, avec sa soeur, va sombrer et tuer une jeune femme aisée qui n'a rien fait, rien demandé, mais qui s'est trouvée sur leur chemin.
Joel, lui vit dans les bas-fonds de Londres et l'on suit sa descente aux enfers ainsi que celle de sa soeur, sans beaucoup d'espoir d'en sortir.
La faute à pas de chance, la faute à la pauvreté qui entraîne une mauvaise éducation, l'échec scolaire, l'ennui, les clivages sociaux.

Ce gros roman est, malgré quelques longueurs, plutôt intéressant et, je pense, décrit presque parfaitement l'engrenage dans lequel un jeune peut se retrouver "uniquement" parce qu'il est mal né.
J'ai lu ce livre il y a déjà longtemps; les souvenirs sont flous, mais je me rappelle d'une atmosphère assez troublante, avec une montée dans le sordide bien contrôlée. L'ensemble aurait toutefois supporté cent pages de moins.

lundi 12 mars 2012

Comment on meurt?-Emile ZOLA


Voici un tout petit livre qui parle de la mort, de la façon dont ou mourait au XIXème siècle, qui n'est pas si différente de nos jours.

Le comte de Verteuil va mourir.Il a épousé il y a plusieurs années une très belle femme, Mathilde. Pas d'amour entre eux, ils se supportent, voilà tout. Et quand il agonise, il ne bénéficie d'aucune marque de tendresse.Même la comtesse semble soulagée. Pendant l'enterrement, de nombreuses personnalités sont présentes puisque Monsieur de Verteuil était quelqu'un de très riche et très important au niveau politique et culturel. Et les langues (de vipère) se délient.

Madame Guérard va mourir.Veuve d'un magistrat, elle n'est pas dans le besoin et a consacré une bonne partie de sa vie et de son argent à combler les déficits financiers de ses trois fils. Pourtant elle est radine, et radine jusqu'à la mort. Alors, ses fils attendent son décès, patiemment mais avec avidité, malgré leur attachement à leur mère.

Adèle Rousseau va mourir. Elle a travaillé toute sa vie avec son mari pour pouvoir profiter de ses vieux jours grâce à ce pécule difficilement amassé. Mais elle va mourir sans toucher à sa petite fortune et sans son mari qui tient la boutique.

Charlot Morisseau va mourir. Les Morisseau sont une famille extrêmement pauvre, c'est d'ailleurs à cause de cela que leur fils se meurt. Les aides qu'ils ont demandées ne leur sont jamais parvenues et malgré un rude labeur, la famille ne parvient pas à manger à sa faim. Payer les médicaments pour Charlot leur devient impossible, alors ils vont le perdre, c'est comme ça.

Jean-Louis Lacour va mourir. Il a travaillé jusqu'aux derniers jours dans ses champs, aidé de ses trois enfants. Tous savent qu'ils vont bientôt perdre leur père et pourtant, ils continuent à travailler avec acharnement, jetant un coup d'oeil de temps en temps dans la chambre du paternel. Jean-Louis Lacour mourra seul et ses enfants retourneront travailler dès après les funérailles.

Emile Zola, en quelques pages, nous brosse un tableau édifiant de la vie au XIXème, chez les riches, chez les pauvres, à la ville, à la campagne. La plume est acérée, cynique, parfois compatissante; il dénonce les injustices qui sont partout, même face à la mort.
J'aime Zola, alors évidemment, j'ai savouré ces nouvelles, faciles à relire puisqu'en 30 minutes, le livre est terminé.

Une fois encore, merci à Babelio et son Opération Masse Critique.





lundi 20 février 2012

Dans l'or du temps-Claudie GALLAY


Ce livre m'a été offert par l'éditeur, avec Les Déferlantes. Un peu saoulée par le tapage de ce roman, j'ai préféré découvrir Claudie Gallay avec Dans l'or du temps, un peu moins connu. J'avoue, j'étais méfiante, pas très emballée, craignant une histoire à l'eau-de-rose teintée d'ambiance roman du terroir. Et bien, autant le dire tout de suite, j'ai été très agréablement surprise.

Ce roman est un voyage, entre la Normandie d'aujourd'hui et les Etats-Unis des années 40. Le lien se fait grâce à Alice, une vieille dame résidant du côté d'Etretat mais qui, pendant la Guerre, a voyagé en Amérique, chez les Indiens. Elle était jeune, elle accompagnait son père, photographe et ami de l'artiste et écrivain André Breton. Alice raconte ce périple, ses rencontres, ses souffrances au narrateur, un homme dont le couple va à vau-l'eau et qui, tous les ans, passe ses vacances en famille dans leur maison en bord de plage.
Les relations entre Alice et cet homme se nouent peu à peu, mais restent étranges, car Alice peut avoir des réactions imprévisibles, sans pour autant désarçonner le narrateur. Celui-ci est même plutôt patient, compréhensif pour que la vieille dame lui ouvre son coeur et sa maison, lui fasse assez confiance pour lui raconter ses souvenirs et plonger dans le monde des Indiens d'Amérique.

Claudie Gallay a réussi à m'intéresser alors que les Indiens ne sont pas du tout un sujet qui m'attire. Mais André Breton, lui, était un artiste au parcours exceptionnel; Alice et cet homme déboussolé sont touchants mais pas gnan-gnan, et leur relation intrigante m'a séduite.
Je vais m'attaquer d'ici quelques semaines aux Déferlantes, sans appréhension cette fois.

lundi 23 janvier 2012

J'ai fait mieux depuis-Agnès DUMONT



Voici un recueil de nouvelles publié aux éditions Quadrature bien agréable à lire.
A l’origine, j’apprécie ce genre littéraire, à condition que les nouvelles soient bien ficelées et que je ne reste pas sur ma faim à cause d’une fin trop ouverte qui se termine en queue-de-poisson. Dans ce cas, ça tombe bien : dans chaque histoire, j’aurais aimé en connaître davantage mais je possédais toujours assez d’éléments pour imaginer l’après.
Tout se passe en Belgique, pays d’origine de l’auteur et de la maison d’édition. Tous les personnages sont issus de milieux modestes, à la vie banale, bref Monsieur et Madame-tout-le-monde. On y trouve la vieille dame et sa jeune femme de ménage délurée, le vieux garçon qui vit avec sa chère mère, la femme seule qui vit avec son chat, les deux amis plus ou moins inséparables…
Le lecteur les rencontre à un moment précis de leur vie et partage une tranche de vie avec eux, le temps de quelques pages.
L’ensemble est assez nostalgique, ni triste ni drôle mais l’espoir est là, tout près. Pour certains, ce sera la délivrance, pour d’autres un grand départ ou la naissance d’une amitié. Certes, ce recueil m’a moins touchée que celui de Gaëlle Pingault, peut-être à cause d’un style plus fouillé qui met une certaine distance, mais mon ressenti est vraiment personnel et j’ai malgré tout passé un très bon moment de lecture.
J’en retiens que les publications des éditions Quadrature sont à suivre de très près.  


samedi 14 janvier 2012

Le festival de la couille-Chuck PALAHNUK




On commence bien l'année avec un livre lu début 2011, au titre provocateur mais dont le contenu n'est pas si olé-olé que ça.
Avec un nom pareil, on peut se demander ce qu’on va pouvoir trouver dans ce livre, d’autant que la quatrième de couverture n’est pas très explicite, et c’est tant mieux.
En fait, ce livre est un recueil de chroniques et interviews ; Chuck Palahnuk y retrace certains de ses reportages dans l’Amérique profonde aux idées pour le moins originales. Quant aux interviews, on y rencontre entre autres Marylin Manson puis, dans une dernière partie de livre, l’auteur s’y dévoile, évoquant notamment la mort de ses parents, plus précisément celle, violente de sa mère.
Revenons aux chroniques : figurez-vous que le festival de la couille existe réellement ! Tout comme le concours de combats de moissonneuses-batteuses ou encore les castings d’écrivains dans des hôtels ou les combats de catchs. Palahnuk utilise un langage assez cru et direct mais sans porter aucun jugement. Au contraire, il essaie visiblement de comprendre les hommes et les quelques femmes dont il parle, il tente de saisir leurs motivations. Et généralement, j’ai réussi à faire comme l’auteur, c’est-à-dire à ne pas porter de jugement, en tout cas, pas trop sévère, car finalement, la plupart des protagonistes du livre sont des personnes normales, comme vous et moi (sauf peut-être ceux qui assistent au festival de la couille, faut pas pousser !).
L’ensemble est tout à la fois édifiant, passionnant, consternant, pathétique, drôle, tendre et parfaitement décrit.